L’université est un lieu d’apprentissage
et de culture, où tout plein de têtes blondes (généralement à peine adultes
légalement) vont joyeusement apprendre ce qui est nécessaire et utile pour leur
diplôme, voie vers le métier futur (de vos rêves, mais surtout, dans vos
rêves).
En réalité, la Fac’ c’est un
beau bordel.
J’ignore si c’est le cas dans
toutes les universités de France, n’étant pas (encore) omnisciente je ne peux
donc pas vraiment généraliser. En
pratique, tous mes amis d’autres universités semblent rencontrer le même genre
de problèmes, alors je vais quand même généraliser. Parce que. Voilà.
Chaque Licence a ses petites
particularités – et un niveau d’exigence bien spécifique – et dans mon immense
joie, j’ai pu en tester deux. Je peux
donc vous dire que certaines choses se retrouvent dans les deux, et pas
forcément les plus utiles, sympas, agréables, amusantes.
L’Université est un lieu
relativement immense (dans mon cas) et
dans ma condition physique adaptée
aux efforts en tout genre (saisir l’ironie mordante) il est nécessaire d’avoir au
moins 15 minutes de libre pour la traverser de haut en bas (oui, oui, même pas
en diagonale). Pas moins d’une bonne vingtaine de bâtiments (sans compter les
préfabriqués et les amphithéâtres) se partagent l’espace – mais nous en plus on
a d’immenses et magnifiques pelouses qui donnent envie de faire la sieste
pendant des heures…
Dans ce lieu (de débauche) de
savoir, vous découvrirez des dons insoupçonnés pour l’improvisation et le
calcul mental – très insoupçonnés dans une Fac de Lettres – parce que le
moindre centime aura une importance capitale, et la moindre minute également. Vous
aurez à développer des pouvoirs indispensables tels que l’absorption de caféine
dans votre estomac sans fin – et vide – et la téléportation, un outil méconnu
mais néanmoins incontournable.
La Téléportation oui, car les
horaires de cours vous placent souvent face à des situations où vous dédoubler
instantanément est la seule solution envisageable pour réussir. Par exemple.
Votre cours se termine à 13h15 à l’entrée Sud de votre Faculté. Si vous
avez de la chance, votre enseignant terminera son discours à l’heure. Sauf que :
-
Il aura très certainement oublié quelque chose
de capital qu’il ne pourrait décemment pas vous envoyer par mail ou par la
plateforme informatique, non, le professeur ne transmet qu’avec de la craie et
des cordes vocales.
-
Vous avez quelque chose de très important à lui
dire (vous avez un tiers temps, vous n’avez pas bien compris quelque chose – et
vous ne savez pas non plus envoyer un mail sur l’adresse qu’il vous a
communiqué en début d’année – ou bien vous avez besoin de son adresse mail,
vous aussi vous aimez les lapins, bref, vous avez absolument besoin de lui
parler, et c’est réciproque).
-
Oh attendez, revenez par-là, j’ai oublié de vous
distribuer ce document !
-
Vous pensez qu’il va pleuvoir ?
-
Attendez, je vous donne ce que vous devez faire
pour la semaine prochaine…
-
Mince, il manque un paragraphe à votre cours,
bon, cinq minutes de plus, on termine, vous n’êtes pas pressés de manger, si ?
Non, vous avez très faim, mais
manger est quelque chose de tout à fait secondaire parce que vos cours se
situent tous entre 11 et 15h, ce qui
vous pousse à adopter une technique dite de je-mange-n’importe-quand-surtout-quand-j’ai-le-temps…
(Vous prenez donc vos repas à 6h, 10h, 15h, 19h et 23h, et ils sont constitués
d’un sandwich – également réparti en plusieurs morceaux pour durer toute la
journée – et d’eau. Vous mangez de l’eau. Que de l’eau. C’est gratuit à la Fac.).
Votre cours est donc fini à 13h15 et votre professeur vous laisse quitter sa
salle vers 13h25 environ. Sauf que ! Votre cours suivant (à l’entrée Nord,
bien sûr) commence à 13h15 pile – l’interclasse est un concept bon pour les
enfants pré-pubères). Vous avez donc -10min pour vous rendre à l’autre bout de
la Fac (vous savez, 15minutes pour traverser la Fac…).
Vous arrivez donc avec près de
20 minutes de retard au cours suivant – bah oui, vous avez couru. Prof suivant
qui, lui aussi, vous occupera encore 10 bonnes minutes après la fin de son
cours, ce même monsieur qui vous aura pourtant copieusement menacé de ne plus
JAMAIS arriver en retard à son cours.
L’étudiant lambda doit se
téléporter. Et contrôler le temps.
L’étudiant lambda ne va jamais
aux toilettes, quand bien même il ingurgite son poids de café en une journée.
L’étudiant lambda à plus de
30h dans sa journée – du moins il l’espère chaque matin en se levant, quand il
arrive à ouvrir les yeux.
Parce que l’étudiant, bête
curieuse et avide de savoir, a une épreuve à traverser deux fois – au moins –
par jour, du moins quand il a l’immense privilège de ne pas avoir de voiture,
de vélo, de jambes fonctionnelles… L’étudiant prend les transports en commun.
Mon humble expérience ne
concerne que les transports en commun de ma – splendide – ville, Montpellier.
La TaM est une spécialiste des transports « pas tout à fait en retard »
où l’idéal pour voyager est de ne pas dépasser les 20cm3 – sous peine
de compression mortelle. Votre départ s’effectue une heure avant votre premier
cours – mais en réalité, une heure et quinze minutes avant, sinon vous n’aurez
jamais de café ! – et commence par l’attente du bus. Votre bus est passé à
7h13, et vous vous demandez encore si c’était celui de 7h08 qui était en
retard, ou celui de 7h18 qui était en avance. Avec eux, on ne sait jamais trop.
7h20, vous descendez du bus, et votre tram vous passe sous le nez – tung, tung, tu m’as loupé, espèce de pas
douée – et vous ne vous lancez jamais à sa poursuite parce que :
-
Courir avec un sac aussi gros que vous relève du
domaine du cirque,
-
De toute façon vous ne courrez pas assez vite,
-
Pas d’effort physique avant le CAFE !
Tant pis, vous attendrez le
suivant. Sur l’affichage numérique, les horaires clignotent : 8min. 6min.
4min. Proche.
Vous vous demandez encore ce
que signifie « proche » dans le langage TaM, parce qu’un Tram qu’on
attend cinq bonnes minutes n’est PAS proche de vous, mais loin. Très loin.
Près de vingt minutes plus
tard, félicitations, vous êtes au terminus de votre ligne et vous pouvez
attendre votre prochain tram avec le sourire, la patience, la musique, et une
envie de café insupportable. La seconde ligne que vous prenez – qui en réalité
se trouve être la Ligne 1 – possède cette particularité incroyable : il
passe un Tram toutes les 2min, entre 7h et 8h (en fait, il en passe TROIS
toutes les 5-10min, vous allez comprendre pourquoi…). Si vous vous dites que
vous êtes chanceux, sachez que non.
Vous avez la merveilleuse chance de prendre votre Tram à peine quelques arrêts
entre deux lycées et deux Facs à exactement 7h45 du matin.
Oui, juste avant le début des cours. En résumé, si vous dépassez le volume d’un
cube de 20cm sur 20cm sur 20cm… vous n’êtes pas habilité à pénétrer dans ledit
Tram. Ni le suivant. Mais peut-être celui d’après en vous tassant bien, sur la
pointe des pieds, ventre rentré, sac à dos sur la tête, avec un sourire très, très charmant pour que les gens se
tassent contre les murs. Après ce numéro de contorsionniste, vous pensez vous
en sortir… mais non. Un tram, ça va vite, ça tourne. Et vous n’êtes pas
funambule.
Deux arrêts plus tard vous apercevez
les contrôleurs sur le quai. Vous avez envie de mourir. Eux aussi.
8h15, vous avez Littérature.
La prof de votre cours magistral vous fait chanter un chant médiéval d’Angleterre
célébrant l’été. Vous vous rappelez que vous êtes en deuxième année, que vous
avez presque dix-neuf ans, et que votre département est en alerte orange à cause
des orages.
Vous buvez votre café en
déprimant, étudiant.
DU PUR GÉNIE JE M'INCLINE RESPECTUEUSEMENT!! Je suis déjà fan!!! Vivement le prochain post!
RépondreSupprimerMerci, jeune disciple, je n'en demandais pas tant ♥ !
Supprimer" 8h15, vous avez Littérature. La prof de votre cours magistral vous fait chanter un chant médiéval d’Angleterre célébrant l’été. Vous vous rappelez que vous êtes en deuxième année, que vous avez presque dix-neuf ans, et que votre département est en alerte orange à cause des orages."
RépondreSupprimerMortel. J'en ai recraché mon café sur mon prof d'histoire des médis.
OH MON DIEU !
SupprimerLe café va bien ?
Merci pour ton commentaire :D J'espère que ton prof aime le café. ♥