mardi 3 juin 2014

Mes Grands Parents sont... Racistes.

Mes Grands Parents sont Racistes. Homophobes. Xénophobes. Parfois, je me dis juste, mes grands parents sont vieux mais parfois, je me rappelle que l'âge n'excuse pas tout. Voire, l'âge n'excuse rien. On a eu beau me dire de laisser tomber, qu'à leur âge on ne les changerait pas, que c'était trop tard, je me sens toujours vaincue et impuissante. Face à leurs réactions, à chacun de leurs discours, j'ai l'estomac qui se serre, la boule dans la gorge. J'essaye de me convaincre que ce n'est pas si grave, alors que je le sais. C'est grave. C'est grave parce que ça reflète toute ma vie. Je n'arrive pas à me lever contre ça.

Mes Grands Parents sont Racistes. Ce n'est pas un racisme qui se voit. Mes Grands Parents sont l'image de la perfection, ils sont le reflet d'une famille absolument parfaite et sans défaut, bien évidemment. Je partage leur quotidien depuis presque sept ans, j'ai eu le temps de me faire à l'idée, d'intégrer tout ça à mon quotidien. J'ai eu le temps de voir, tous les jours, les deux faces du miroir. Mes Grands Parents sont adeptes du racisme ordinaire, de la xénophobie passagère, de l'homophobie collective et de l'hypocrisie la moins assumée au monde. J'ai la chance merveilleuse d'assister à leurs vie publique et à leur réalité. Je ne sais pas ce qui est le pire : savoir qu'ils sont doubles ou bien assister, toujours poings liées, à leur étrange danse dont ils ne semblent même pas avoir conscience ; parce que tout cela a toujours été normal pour eux. 

Je peux tout voir dans leur ombre : cette fille que j'adore et qu'ils ne supportent pas, mais avec qui ils restent toujours mielleux à en vomir ; leur propre famille sur qui ils cassent du sucre dès qu'ils ne sont plus là pour les entendre ; et moi. Parce qu'en plus de tout ça, ils sont sourds. Et j'entend plus que bien. Les deux faces du miroir pour les autres, c'est gênant et désagréable. Pour soi-même, c'est douloureux. Douloureux de savoir que je suis pour eux la perfection et le mal incarné. Que je suis la concrétisation de leurs rêves et leur pire échec. Parce que je ne suis pas eux, je ne suis pas comme eux, je ne suis ni ma mère, ni mon père, je ne suis pas ce qu'ils voudraient que je sois, je ne suis pas leur marionnette qu'ils auraient façonné à leur image.

Mes Grands Parents sont racistes. Ils n'ont rien contre les étrangers, ils veulent juste qu'ils retournent chez eux au lieu d'imposer leur vie ici en France et surtout que s'ils veulent vivre en France, qu'ils s'adaptent à la vie à la Française. Ils n'ont rien contre les chinois, contre les arabes, contre les musulmans, contre les athées ou contre les juifs ; non, rien du tout. Il veulent juste la France aux vieux Français. Ils n'ont rien contre les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transgenres, mais ces gens ne sont quand même pas comme nous. Je déteste ce nous inclusif. Je ne suis pas comme eux, je ne le serais jamais.  Je déteste cette façon intrinsèque dont ils parlent, comme s'ils tentaient de me convaincre que j'étais d'accord avec eux. 

Je n'essaye pas d'aimer tout le monde. On peut me dire raciste ou xénophobes, mais c'est qu'on ne me connait pas : je n'aime personne. Je n'aime pas le genre humain par défaut : j'aime certains de mes semblables dont la compagnie est intéressante et avec lesquels j'ai des liens plus forts que le reste du monde. J'ai autant de mépris pour les nonnes qui ouvrent leur bras au monde entier que pour les racistes convaincus. On peut dire mes grands parents racistes ou homophobes parce qu'on les connait. Je ne pointe pas du doigt ma propre famille en crachant mon venin et ma rancoeur. J'exhorte ceux qui me liront à faire ce que je n'ai pas la force de faire. J'assiste depuis des années à un défilé de noms et de surnoms, de sourires mièvres et de discours traitres. Je n'ai jamais dit stop. Mais j'ai fait une promesse. Si jamais un jour, sait-on jamais... j'ai des enfants... je ne les élèverais jamais pour en faire des robots conformes à ma vision de la vie. Je ne serais jamais la famille à qui on a peur d'avouer qu'on est bisexuelle, quand on a été abreuvé toute son adolescente par de tels mots.

Je ne suis pas homophobe, mais ces gens ne sont pas normaux. Désolée de ne pas être normale.
Ah regarde-le celui-là, encore un bazané qui traine dans les rues... Désolée d'avoir du mal à vous présenter mes amis.