samedi 4 janvier 2014

[ Fiction ] Le Prince avait des yeux verts. Chapitre 1.

Voila quelques temps que je n'ai rien publié par ici. Alors je profite de ce court poste pour vous souhaiter une Bonne Année, déjà, et j'espère que vous serez en bonne santé, riche, avec beaucoup d'amis, une famille aimante, et que tous vos soucis vont s'envoler. Entre autres. 

J'ai un nouvel emploi du temps dans ma nouvelle licence - bonne nouvelle, du temps libre pour écrire ! - et pour fêter ça (même si ça n'a aucun rapport) je voulais vous parler de Fictions. J'écris souvent, et pas forcément pour le blog d'ailleurs. J'écris sur FanFiction.net, sur Fictionpress.net, j'écris des RPs sur forum, des histoires sans queue ni tête, j'ouvre des documents Word pour à peu près n'importe quoi, et c'est plutôt rare, en fait, que je ne sois pas en train d'écrire ou de penser à écrire quelque chose. Mon esprit ressemble généralement à une horde de chevaux au galop, qui ne cessent de labourer mon cerveau. J'ai toujours - bon, disons, souvent - la tête dans les nuages. Tout ça pour dire que j'écris des histoires, et que, j'aime qu'on les lise. J'aimerais qu'on les lise plus, mais surtout, que d'autres que ma famille (qui s'extasie à la moindre... chose qui provient de moi) ou mes amis, les lisent. 

Maintenant que j'ai étalé un peu plus de ma vie sur la toile (youpi) je vous propose l'introduction d'une histoire que j'ai commencé il y a quelques temps, et que je continue de temps en temps. Voila. Bonne lecture !



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                Il ne bougeait pas. Ses yeux grands ouverts et son visage figé le faisaient paraître plus enfant qu’il ne l’était, et moins vivant également. On pouvait voir les traces des larmes de la veille sur son visage d’ange, ses yeux verts avaient vraisemblablement perdu leur éclat. Il serrait dans ses doigts tremblants une mince couverture, c’était la seule chose qui protégeait son corps. C’était un jeune homme, qui paraissait avoir une quinzaine d’années, mais ceux de son peuple vieillissent lentement, et il en avait en réalité un peu plus. Il s’approchait de l’âge de la majorité, et déjà vingt-quatre années étaient passées depuis sa naissance. Son corps immobile était nu, sous sa protection de fortune, et il était si immobile qu’il semblait sans vie. Il était dans un coin de la pièce – il s’y était réfugié dès que tout avait commencé à bouger – un peu derrière le grand lit défait.
                Dès le réveil, tout avait été inhabituel : il était seul, et il n’avait pas été brusquement réveillé ou expulsé hors du lit pour amuser l’autre. Cela arrivait si souvent que là, où il ne s’était rien passé, il s’était inquiété. Dire qu’il ne ressentait plus la douleur aurait été un pur mensonge. Il souffrait. Voilà tant d’années qu’il souffrait. Il avait cessé de les compter, car cela lui faisait plus de mal à la fin. Les rideaux tremblaient légèrement. Derrière les murs, il y avait une grande agitation. Il entendait des cris. Des hurlements parfois, et des coups portés, à l’épée, ou à mains nues. La guerre était entrée dans le Palais au petit matin.

                Soudain, la porte s’ouvrit avec fracas. Derrière sa couverture, il gémit. Il avait reconnu son tortionnaire, l’homme qui lui avait tout pris, et qui encore la nuit passée le faisait durement souffrir. Mais cette fois, il semblait paniqué, et il trébuchait, son épée à la main. Il souffrait. Le jeune garçon eut un haut-le-cœur. La porte ouverte lui faisait parvenir les bruits sourds des combats, l’angoisse et la douleur des autres. Il sentit sa tête tourner, tant de choses lui parvenaient. De nouvelles larmes coulèrent sur ses joues, mais il ne les essuya pas. Une gerbe de sang le toucha, alors que l’homme qui l’avait enfermé tombait au sol. Ses vêtements étaient maculés de sang, et ce dernier se répendait sur le sol. Le jeune homme put alors voir le meurtrier. Un meurtrier qui venait d’en tuer un autre.
                L’homme était grand, et bien bâtit. Ses cheveux sombres volaient dans tout les sens, et la sueur de l’effort les collaient à son visage. Il portait une tenue de combat, et son torse était protégé d’un plastron de cuir. Son épée était grande, et il la tenait à deux mains. Il se pencha près du corps qui rendait son dernier soupir, et il remarqua alors le jeune homme, forme recroquevillée sous sa couverture. Il ne lui accorda d’abord qu’un regard curieux. Les grands yeux verts du garçon ne le quittaient pas. L’inconnu sourit, non pas d’un de ces sourires hideux, douces promesses de longue agonie, mais un sourire léger, chaleureux, un de ceux qui se voulaient rassurants.
                En réponse à ce sourire, le jeune homme ferma les yeux, et il sombra lentement dans le noir total.
  

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De nombreuses voix planaient autour de lui, lorsqu’il reprit connaissance. Ses doigts cherchèrent avec panique autour de lui. Il lui sembla reconnaitre certaines de ces voix. Quelqu’un attrapa sa main, il retira la sienne avec violence. On s’affaira autour de lui. Il sentit avec soulagement le poids des vêtements contre son corps. Il ouvrit lentement les yeux. L’agitation, l’inquiétude, la joie. Ces sentiments le saisirent brutalement. Il eut un sursaut brutal, et recula. Un visage s’approcha de lui, et il le reconnut.

« Mon prince… » Dit le visage, lentement. « Mon prince… les Dieux soient loués… vous semblez aller bien. »

Un sentiment de paix et de calme provenait de cet homme. Le jeune homme, le jeune prince, ne sourit pas. Il ouvrit simplement la bouche pour laisser s’échapper un nom :

« Jauhan… »

Un sourire illumina le visage de l’homme. Il ne toucha pas le prince, et le prince ne le toucha pas. Le prince secoua lentement la tête, comme si cela pouvait remettre toutes ses pensées en place. Il ne reconnut pas les autres hommes et femmes qui l’entouraient. Il n’y avait que Jauhan. Il était dans un lit, aux draps colorés et chaleureux. Le matelas était moelleux, et l’edredon, chaud. Jauhan était assis sur une chaise à ses côtés, et il attendait en silence. Il y avait des hommes qui n’étaient pas de son pays dans cette pièce. L’un d’eux portait des affaires de médecin, et s’affairait à côté de lui. Il se saisit de la main du Prince. Ce dernier poussa un cri d’effroi, la tristesse l’envahissant au point que des larmes coulèrent le long de ses joues. Il recula violement, alors que Jauhan criait :

« Ne le touchez pas ! Jamais ! »

Chacun fut effaré, de la manière dont cet homme pourtant calme s’était emporté. Ils n’étaient pas de son peuple, il leur pardonna. Mais il ne donna pas plus d’explications. La tête du jeune prince lui tournait. Il s’enfonça dans les oreillers sans plus dire un mot. De longues heures s’écoulèrent, où chacun veillait à ne surtout pas le toucher, de peur de reproduire la scène précédente. Puis il entra. Le meurtrier du meurtrier. A son entrée dans la pièce, tous se prostèrnèrent, sauf le médecin, qui s’inclina seulement, et Jauhan, qui baissa le buste sans se lever. Le prince leva les yeux vers l’homme, lentement, craintivement.

« Prince Liardan. » Dit-il pour commencer.

Le prince hocha la tête, acquiesçant simplement. Oui, c’était son nom, il s’en souvenait.

« Je suis le Seigneur Glynvann, Membre du Conseil des Treize et Roi des Terres Glacées d’Emyljain. »

Tous ces titres et noms parlaient au Prince. Ce Seigneur était un grand homme, puissant. Comme tous ces rois impitoyables et tyrans. Il baissa les yeux.

« Le Conseil n’est pas au fait des évènements déroulés ici ces derniers jours. »

Liardan dégluttit. La dernière fois qu’un Seigneur ennemi était arrivé sur sa planète sans en avertir le Conseil…

« A la demande d’une délégation de votre peuple… et sous certaines conditions… nous sommes venus libérer cette planète. »

Le cœur du jeune prince rata un battement. Il était sauvé. Il prit une grande inspiration et inclina la tête lentement, puis se redressa, assis dans le lit car trop faible pour se lever. Il prit sa voix la plus sobre possible, mais toutes les émotions qui l’envahissaient le troublaient :

« Je vous remercie, pour mon peuple et au nom de celui-ci. »

Il eut un court silence.

« Quelles conditions avez-vous requis auprès de… quelle délégation au juste ? »

Glynvann ne répondit pas. Jauhan parla :

« Mon prince. Je suis parti, avec ceux qui pouvaient… et voulaient se battre. Nous ne savions même pas si vous étiez… toujours… »

La fin de sa phrase mourrut dans sa gorge. Il baissa la tête, comme s’il avait commit la plus grande des fautes.

« J’ai requis une présence permanente de mes hommes sur vos terres jusqu’à-ce qu’elles soient entièrement libres et autonomes, ainsi qu’un droit de regard illimité sur vos ressources. Et enfin… une alliance entre vos deux peuples dont le siège se trouvera en mon pays. Nous partons dans deux jours. »

Il laissa le Prince à sa stupéfaction, et sortit de la pièce sans un mot de plus. Il allait partir. Il allait quitter son pays, sa planète, avec seulement une poignée de ceux qu’il connaissait, du moins, si certains avaient survécu. Il allait devoir abandonner tout ce qu’il connaissait ici. Tout ce qui lui restait. Il avait peur.

« Jauhan. Combien… combien de temps est passé ? »

La question semblait lui bruler les lèvres, tant il hésitait à la poser. Il redoutait la réponse.

« Deux ans, mon Prince. Deux ans se sont écoulés depuis la première invasion. Le Seigneur Glyvann est sur nos terres depuis une petite semaine. Vous êtes restés inconscient trois jours. »

Liardan tira l’edredon sur lui, avec ses maigres forces. Il demanda à Jauhan de redresser l’oreiller, afin qu’il puisse s’y adosser sans peine. Il reprit la parole, tout aussi hésitant, mais s’efforçant de paraitre plus… princier.

« Que penses-tu du Seigneur ? »

Jauhan inclina lentement la tête, cherchant ses mots. Le médecin du Seigneur et les autres serviteurs les dévisagèrent un court instant puis reprirent leurs activités. Liardan ne fit attention à eux. Il n’avait rien à cacher, et Jauhan non plus.

« Nous sommes allés sur ses Terres, car elles étaient les plus proches, et les plus suceptibles d’être nos alliés. Je me suis présenté comme représentant. Il m’a traité comme si j’étais un de ces Nobles Seigneurs. Il a entendu tout ce que je lui demandais, et il a décidé de sauver notre peuple. Il doit penser à nos ressources, certainement, car notre planète est prospère. Son peuple est un peuple guerrier, mon Prince, ils seraient nos plus grands alliés. Nous n’avons jamais eu d’alliés. »

Liardan hocha la tête.

« Si. Nous avions des alliés autrefois… Il y a fort longtemps. » Il ferma les yeux. « Je vais me reposer. Fait préparer ce qu’il reste de mes affaires, et choisis les hommes en qui tu as le plus confiance. Puis, présente-les-moi. »

Jauhan s’inclina lentement, et il sortit de la pièce. Il fut suivi quelques minutes après, par les autres serviteurs. Les beaux yeux verts du Prince se fermèrent, et il s’endormit.